jeudi 15 octobre 2009

Remue-ménage autour des bibliothèques de quartier : Qui dit vrai ?




Il faut avoir la couenne dure et le dos large pour être fonctionnaire à la Ville de Québec.

Hier, le journaliste Carl Langelier (TVA), qui a mis la main sur la toute dernière version du Plan directeur des bibliothèques 2008-2018, révélait l'intention de l'administration Labeaume de procéder à la fermeture définitive ou au regroupement de nombreuses succursales du réseau.

Les arrondissements visés par cette vaste  opération sont ceux de Beauport (Chemin Royal) , Charlesbourg (Bon-Pasteur, Du Jardin), Les Rivières (St-André) et Limoilou (St-Charles, de la Canardière). D'autres succursales feraient l'objet d'une relocalisation (Tournesol, Lebourgneuf), d'après ce document, dans lequel il est également proposé d'agrandir le vaisseau amiral du réseau, Gabrielle-Roy, et la bibliothèque Étienne-Parent (Beauport). En ce qui concerne le déménagement de la bibliothèque Monique-Corriveau (Ste-Foy-Sillery-Cap-Rouge) dans l'enceinte de l'église St-Denis, la décision était déjà connue, le Conseil municipal ayant donné son aval plus tôt cette année.

Une fois de plus, l'administration Labeaume, prise la main dans le sac, pointe du doigt les responsables du Service de la Culture, à qui il est fait reproche d'avoir soumis un ensemble de recommandations en rupture avec les orientations du comité exécutif de la Ville en la matière. C'est du moins ce qu'a soutenu la conseillère Denise Trudel, responsable en titre du dossier au sein du Comité exécutif et candidate de l'Équipe-Labeaume dans le district de St-Rodrigue. De son côté, le maire a nié en bloc avoir jamais entretenu quelques vélléités de procéder à des fermetures de bibliothèques.

Si l'on en croit le Maire et la responsable du dossier, ce plan de réorganisation du réseau ne serait donc qu'une lubie issue de l'esprit déconnecté d'un professionnel du Service de la Culture. Et pourtant...

Le Plan directeur des bibliothèques n'en est pas à sa  première réécriture. Promis maintes fois depuis 2005, date à laquelle il devait initialement faire l'objet d'un dépôt au Conseil municipal, la production en a été réclamée à de multiples reprises, par de nombreux élus. En vain. La dernière fois où la question a été soulevée, il y a à peine quelques mois, la dernière mouture du plan semblait pourtant à point et prêt à être soumise à un examen par le Conseil municipal. C'était sans compter le Comité exécutif du maire Labeaume, que cette pénultième version ne semblait pas satisfaire et qui, pour ce motif, l'a retourné sur la planche à dessein des fonctionnaires.

Il m'a personnellement été donné de découvrir ce qui clochait avec ce projet de plan, du point de vue de l'administration Labeaume. À l'époque, l'opposition officielle que je dirigeais réclamait à cor et à cris que le Conseil municipal soit, sans plus de délais, saisi de la proposition de Plan directeur des bibliothèques. Nous estimions, en effet, que l'attente avait suffisemment duré. De fait, nous étions régulièrement invités à nous prononcer sur l'à-propos d'investissements importants destinés aux différentes infrastructures du réseau. Étant tenus dans l'ignorance des vues de la Ville concernant son développement futur, il nous apparaissait qu'on nous demandait trop souventde décider à l'aveuglette.

Le chat est sorti du sac quand j'ai successivement été approché par les conseillers Richard Côté et François Picard, tous deux vice-présidents du Comité exécutif. Leur intention : sonder le terrain et observer ma réaction face à l'éventualité du regroupement de deux succursales du réseau dans Limoilou, celle de St-Charles et celle de La Canardière...Il ne faut pas penser que ce genre d'échanges entre les membres de l'administration et les représentants de l'opposition était monnaie courante au cours de cette partie du mandat. Mais à l'approche des élections, on aura jugé préférable d'évaluer préalablement le risque associé à une divulgation des intentions véritables de la Ville. L'opposition entendait-elle s'emparer de l'affaire pour se faire du capital politique ? Il fallait en avoir  le coeur net.

Ce que l'on me proposait, c'était de réunir celles-ci au sein d'un bâtiment de type multifonctionnel à être construit à l'angle du boulevard des Capucins et du Chemin de la Canardière.

Pour me convaincre d'adhérer à cette vision, on m'a fait part des nouvelles tendances observées dans les grandes villes du monde. On a soutenu devant moi que la mode des bibliothèques de quartier était chose révolue et que les villes à la page privilégiaient dorénavant la concentration des services de bibliothèques au sein de bâtiments de taille plus appréciable, localisés de manière plus stratégique. Le virage envisagé comportait aussi son lot d'avantages sur le plan des coûts d'exploitation du réseau, m'a-t-on assuré.

Le conseiller Richard Côté m'a semblé particulièrement entiché par cette nouvelle façon d'appréhender le  futur de nos bibliothèques et c'est celui qui m'en a parlé avec le plus d'enthousiasme. Le maire partageait, semble-t-il, cet enthousiasme. J'ai écouté avec intérêt. Plus tard, le conseiller François Picard est revenu à la charge pour tenter d'organiser une rencontre plus formelle. Comme je n'ai pas voulu me prêter à ce genre de tractation de coulisses sur un enjeu de ce genre, l'affaire n'a connu aucune suite.


Ce matin, j'ai été véritablement soulagé d'apprendre que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve et que jamais, au grand jamais, l'administration Labeaume n'avait-elle, à quelque moment, envisagé de procéder à la fermeture de bibliothèques de quartier.

Que les fonctionnaires du Service de la Culture se le tiennent pour dit...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faudra suivre ce dossier de près, car c'est lorsqu'on est jeune que l'on doit être intéressé à la lecture pour en faire une habitude de vie et qu'à ces âges, la question de la proximité géographique est cruciale. Pouvoir, à 8 ans, y aller seul à pied ou à bicyclette peut selon moi faire toute la différence et ceux qui lisent savent bien à quelle point les connaissances ainsi accumulées peuvent servir dans toutes les facettes de la vie. A première vue, ce seul argument me semble d'une force telle que je ne vois pas ce qui pourrait venir le contrebalancer...

G. Boivin

Fernand se déchaine a dit…

Je partage les vues du commentaire précédent.

Dans un contexte d'économie de GES, il faut minimiser les déplacements et centraliser implique que les gens doivent prendre leur auto sur un plus long parcour pour s'y rendre et en revenir.

Après les "power center" commerciaux voici ceux sportifs et culturels.

On veut faire un Super PEPS à coté d'un anneau de glace
recouvert. "Think Big" dit Elvis Gratton Labeaume.

À Beauport le plan Simoneau veut installer sur un terrain tout juste assez grand pour l'Aréna de Giffard actuel, un stade couvert de soccer et un deux glaces. Je milite pour dédier tout le terrain de L'Aréna de Giffard au soccer et de monter les deux glaces du projet dans le nord où l'on a bâti 2,000 maisons sans aucune infrastructure sportive couverte. Tare de l'étalement du maire Langlois dont la conseillère Lisette Lepage s,en ait gaàfait la défenseure pendant des années. Simoneau monte aux barricades et le maire retire le projet du carton des promesses. Devant les journalistes médusés il explique que les ficelles ne sont pas toutes attachées dans les deux projets (cf: article dans le Journal de Québec). Oups, il y a deux projets maintenant, Simoneau est contredit par son chef, le projet risque d'être scindé...

Nous avons deux bibliothèques dans le même district à Beauport qui sont à moins d'un kilomètre l'une de l'autre encore dans le district du chroniqueur de la tondeuse. Le reste de l'arrondissemnt doit se taper des kilomètres pour fréquenter Étienne-Parent installé dans un champ près de l'autoroute. Jusqu'à très récemment, les autobus ne passaient pas devant. Seul l'auto pouvait s'y rendre. Maintenant notre arrondissement serait amputé d'une des deux seules bibliothèques d'un réseau municipal de 27 bâtiments. Je voudrait qu'on m'explique pourquoi les 5 autres arrondissements se partagent 25 succursales et non 10. On peut dire sans se tromper que Beauport est en déficit de succursales et loin d'en fermer une, il faudrait en ouvrir trois autres pour équilibrer le service de proximité avec les autres arrondissements.

Mais comme le reste tout dépend si le maire sera majoritaire pour sortir du sac ses surprises qui s'additionnent ou s'il sera minoritaire. C'est une autre raison pour ne pas lui donner sa majorité. Le maire cache beaucoup de choses et ne faurt surtout pas en parler maintenant...