vendredi 9 octobre 2009

Le matou (Ressources humaines 101 - deuxième partie)





Il y a quelques semaines, le président des États-Unis, Barack Obama, a surpris bien des gens en conviant  un policier blanc soupçonné de profilage racial et sa présumée victime noire à venir prendre un pot à la Maison Blanche. Devant les caméras du monde entier qui n'ont pas manqué de croquer cette scène inusitée, il envoyait le signal qu'il est parfois possible d'éviter que des conflits ne s'enveniment inutilement pour peu que l'on accepte de se parler franchement, de préférence dans un contexte détendu.


Je sais que le Président et nouveau titulaire du prix Nobel de la paix a un horaire chargé. Mais il se trouve que la Ville de Québec aurait bien besoin de ses talents de médiateur en ces temps troubles où le maire a trouvé le moyen de relancer le lourd contentieux qui l'oppose aux fonctionnaires municipaux. Les déclarations malhabiles qu'il a servies à l'occasion d'une entrevue éditoriale avec le Journal de Québec ont contribué à élargir davantage le fossé déjà abyssal qui sépare Régis Labeaume de ses employés. L'exploit mérite d'être souligné. À voir les choses aller, on se dit que même un Barack Obama aurait besoin de tout l'ascendant dont on le crédite pour convaincre nos éternels belligérants de signer un pacte de non-agression.



La réplique des syndicats n'a pas tardé. Avec la bénédiction du candidat à la mairie Yonnel Bonaventure, qui lance rien de moins qu'un appel à la révolution (!), ils se sont engagés sur le sentier de la guerre et songent maintenant à organiser un débrayage d'une journée, question de dire son fait à celui qui est devenu leur bête noire.  Cette réaction excessive, qui n'est pas des plus inspirées, laisse perplexe. Mais, on peut aisément comprendre leur exaspération.



Disons les choses sans détours. Le soit-disant rectificatif publié par le journal de Québec sur les instances du maire n'en était pas véritablement un. On pourrait tout au plus parler d'une remise en perspective. Force est d'admettre que certains des propos du maire ne prêtent guère à confusion sur sa façon d'entrevoir les relations de travail, indépendemment du contexte précis à l'intérieur duquel ils ont été tenus. Et puis, il y a ce ton, cassant, sardonique, réprobateur et moralisateur, dont le maire a tendance à abuser dès lors qu'il est question du personnel municipal et qui transparaît de chacune de ses déclarations, même celle rapportées par écrit.  Régys Caron, le journaliste chevronné qui a signé à la fois l'entrevue éditoriale et le texte de "rectification" ne s'y est manifestement pas trompé. Par delà la question de savoir à qui étaient destinés les propos sur l'usage de la crainte, c'est encore la principale raison pour laquelle syndicats et employés ne dérougissent pas de colère, malgré les tentatives d'apaisement du maire. Ça et les antécédants du maire en semblable matière.



À moins, bien sûr, de prendre le lecteur pour un imbécile. C'est le parti que semble avoir pris l'ineffable columniste J-Jacques Samson, dans un billet où il tente à nouveau d'excuser le maire, qu'il décrit comme l'innocente victime d'un regrettable "imbroglio". Au passage, il en rajoute et se permet d'égratigner les syndicats, qu'il juge passés maître dans l'art de se faire haïr. Comme arbitre ou amiable compositeur, il se fait mieux. Voilà un triste sire qui ne recule décidemment devant rien pour protéger celui qu'il a, jusqu'à ce jour, couvert de toutes ses indulgences, pour ne pas dire complaisances.



J'ignore quelle tournure prendra cette nouvelle escarmouche dans la guerre à finir qui oppose Labeaume à la fonction publique municipale. Mais, une chose me semble indiscutable. Quitte à se faire violence, le maire devra apprendre à garder certaines réflexions pour lui. C'est l'intérêt supérieur de la ville qui le commande. Je sais, c'est tout un défi pour un homme dont l'aptitude au franc-parler lui vaut bien des sympathies. Le franc-parler, c'est la valeur à la mode chez les politiciens et il ne le sait que trop. Le danger qui le guette, c'est qu'il ne devienne peu à peu prisonnier du personnage de matou intraitable qu'il s'est créé.



Au début de son mandat, Régis Labeaume a lancé 24 chantiers avec l'ambition de transformer la Ville de Québec en organisation performante. L'un de ces chantiers se donne pour objectif de maintenir intact, voire d'accroître le niveau de motivation des employés municipaux. Dans la vidéo qu'il a fait mettre en ligne sur le site intranet de la ville afin de calmer le jeu auprès des employés ulcérés par ses propos, le maire se faisait fort de le reconnaître : "On ne peut pas gérer une ville, devenir les meilleurs, si on ne le fait pas avec les employés".
 
 

C'est une chose de le reconnaître, encore faut-il en convaincre les principaux intéressés, tenter d'obtenir leur adhésion aux visées de la Ville et leur pleine collaboration pour en assurer la mise en oeuvre. Sur ce plan, reconnaissons que les choses sont bien mal engagées. Un coup de barre s'impose à coup sûr.



La toute première étape consiste à admettre le fait qu'après le relatif succès remporté par la partie patronale lors des dernières rondes de négociations, il est temps de rentrer les griffes et de faire la paix avec les employés de la base qui ne demandent pas mieux que de se faire oublier.



Ensuite, il devra intégrer cette notion que si la fermeté est de mise dans les relations de travail, le mépris ne l'est jamais. Est-ce bien dans les cordes du maire ?



Régis Labeaume fait parfois penser à ce type de leader que la psychologue Nicole Côté qualifie de "matous", dans une chronique qu'elle a signée pour la revue Affaire Plus ("Les matous et les manitous", janvier 2006). Après avoir décrit le manitou comme un leader visionnaire qui se sent investi d'une mission sacrée, qui a du panache et qui sait se montrer sans pitié, tout en manifestant de l'élégance et de l'intelligence dans les pires situations, voici ce qu'elle disait du "matou" : "Le matou, lui, est un manitou qui manque de classe et de discernement (...). Il traite les gens d'une manière arbitraire et cavalière. De façon manifeste, il manque d'intelligence émotionnelle. C'est pourquoi il fait bien du gâchis quand il décide de faire le ménage dans l'entreprise. Il jette souvent le bébé avec l'eau du bain".



Pour l'organisation aux prises avec ce genre de leader, poursuit-elle, il y a un prix à payer : "À la longue, ces gens imbus de pouvoir coûtent cher à l'organisation, parce qu'ils sont davantage des gens de rupture que des rassembleurs, parce qu'ils prennent plus qu'ils ne donnent et parce que l'énergie nécessaire à la gestion d'un gros égo est incommensurable."



Souhaitons qu'il soit donné au maire de se ressaisir avant qu'il ne soit trop tard...   

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton commentaire aurait une certaine influence, si tu avais eu les couilles de faire campagne contre Labeaume.

Maintenant, que dirais-tu de prendre ton trou et de fermer ta gueule, pauvre trouillon ?!! Quand tu seras capable de bander par toi-même, peut-être ça vaudra la peine de t'écouter ??

Anonyme a dit…

Faut vraiment etre anonyme pour venir traiter un homme qui sait faire discernement , jugement et objectivité.
Tenir pareil langage...me demontre, pas par ton niveau de scolalrité, mais ton niveau d'éducation.
Ce qui a de bon dans le texte de M Loubier, plus longuement refléchi que le tien, c'est que ca permet de debusquer les imbéciles, les démunies socialement et les cancres sociales.
Petit minet,retourne au fm 93.3 continuer à parfaire ton éducation et te ressourcer à des valeurs populiste et contente toi de la facilité. Le défi du Maire, en est un difficile et comme a chaque fois qu'un mur se dresse devant lui, tout comme toi, vous êtes en mesure de tomber dans la facilité. J'ose a peine m'imaginer comment cela se passe dans le privé.
Nul besoin de débattre à savoir pro maire...ou pro-syndicat... une saine gestion commence par le respect....l'allemangne..le japon..sont a des années lumieres de notre gestion Taylorisme...Cher anonyme....fais tes leçons...avant de porter , comme ton maire..des commentaires vide de tout sens...et de valeurs..
M.Loubier, continuer votre bonne analyse.
Maxime Lapierre, Québec

Ghyslaine St-Onge a dit…

Pauvre anomyme, ton langage est aussi ordurier que ton compère Labeaume, vous êtes bien fais pour vous entendre. À bon entendeur! Salut!

Fernand se déchaine a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Fernand se déchaine a dit…

Marc Simoneau avait de tels commentaires qu'il effacait ciàontinuellement. À force d'effacer ceux-ci, il a sorti de ses gongs et fermé son blogue aux commentaires en ces mots peu élogieux :

" Vous avez remarqué que j'ai bloqué la section commentaire,jusqu'au lendemain des élections. Dans le passé j'ai toujours travaillé sans ''filet'',radio-tv-journaux ,depuis 35 ans.Une première pour moi,en raison du ton donné aux commentaires de gens inconnus qui écrivent leurs frustrations.J'appelle ça des lâches...des punaises de sacristies.Pas intéressé aux blogeurs qui écrivent leurs saletés , Ces braves inconnues à langue sale ,et possiblement le même problèmes avec leurs doigts sales.Faut il être un pourri de la société pour s'exprimer sans signé ses commentaires."

Je vous retourne le compliment Monsieur l'anonyme...

Anonyme a dit…

Mon père m'a toujours dit de me méfier des grands parleurs , petit
faiseurs . M.Loubier parlé nous de votre bilan comme conseiller municipal ; pas trop reluisant , pas capable de règler le refoulement d'eau des citoyens de maizeret , pas capable de règler le dossier du centre mgr marcoux ,vous êtes meilleur dans l'écriture que dans l'action .

Alain Loubier a dit…

Cher anonyme,

Il me fera grand plaisir d'échanger avec vous sur mon bilan comme conseiller municipal lorsque le coeur vous en dira.
Entretemps, je vous suggère de revoir vos informations qui m'apparaissent présenter certaines lacunes.

Au plaisir...

Anonyme a dit…

Cher anonyme...
on ne dit pas refoulement d'eau...mais refoulement d'égout.....le service d'aqueduc ne refoule pas....
Chaque citoyen a sa part de responsabilité....un plombier et un fisher....peut corriger la chose.....
Votez donc pour un amphitéatre à la place...
sérieusement..