dimanche 1 novembre 2009

Pensée du jour

"En démocratie, l'idolâtrie constitue le pire des péchés" (Winston Churchill)

vendredi 30 octobre 2009

Faites vos jeux





On raconte que Chicot, le médecin personnel du Cardinal de Richelieu, aurait confié à son patient qui agonisait : "Monseigneur, dans vingt-quatre heures, vous serez mort ou guéri".



Tenter de prédire l'issue du scrutin du 1er novembre prochain, dans les vingt-sept districts que comptent maintenant la Ville de Québec, constitue un exercice à ce point périlleux que, m'inspirant de la sagesse du bon Dr Chicot, je ne m'y hasarderai pas...Par ailleurs, je ne voudrais sous aucune considération courir le risque de froisser certains de mes bons amis, candidats en lice dans cette élection, que mes vains efforts de prospective pourraient alarmer inutilement.



Vu la méthodologie retenue, le sondage publié par le quotidien "Le Soleil" dans son édition du 26 octobre 2009 n'est d'aucun secours pour tenter d'y voir plus clair. Celui-ci apporte tout au plus la confirmation de ce que tous soupçonnaient déjà, à savoir que les candidats non inféodés au maire devront batailler ferme pour préserver leurs acquis. Les candidats de l'Équipe-Labeaume ont pour eux le formidable pouvoir d'attraction du maire qui leur sert de puissante locomotive.



Les citoyens de cette ville auront-ils le sain réflexe de tirer pleinement profit des possibilités que leur procure le double bulletin de vote ? Vos supputations, à ce chapitre, valent bien les miennes...



Ma prudence voit déçoit ? Bon allez ! Puisque vous insistez tant, je me prête au jeu et tenter deux toutes petites prédictions.



Prédiction numéro un. Les verts seront blanchis...de verte façon. Mon verdict, à cet égard, est sans appel. Je me demande d'ailleurs où ils sont allés chercher cette idée saugrenue qu'ils avaient quelque chance de remporter les districts des Monts et celui de Saint-Sacrement-Belvédère, des districts détenus par deux vétérans réputés indélogeables, ou presque ? S'ils avaient la moindre de faire élire un candidat, ce ne serait certainement pas à l'un ou l'autre de ces endroits. La présence du chef du parti, Richard Domm, dans le diostrict des Monts n'y changera rien. C'est un inconnu et il n'y habite même pas. Passe encore pour le district des Faubourgs, le troisième siège que le Défi vert pense être en mesure d'enlever. Le profil des électeurs qui habitent ce district peut à la rigueur, dans ce cas, justifier ce qui demeure un espoir illusoire.



La seconde prédiction m'apparaît plus risquée. Je mise volontiers sur Yvon Bussières dans le district de St-Sacrement-Belvédère. Si un seul membre de l'opposition devait être en mesure de survivre, advenant qu'un tsunami ne déferle sur Québec, ce serait bien lui.



LA MAIRIE



À l'inverse, mes réserves s'évanouissent totalement, s'agissant des résultats à la mairie. J'annonce donc solennellement que si la tendance se maintient, Régis Labeaume sera triomphalement réélu à la tête de la Ville de Québec. Oui, je sais. Je ne m'attend pas à être célébré pour ma clairvoyance et ma sagacité.



La principale question qui subsiste, dans ce cas précis, consiste à savoir avec quel pourcentage des suffrages  il inaugurera son pontificat.  Les  paris sont ouverts  : dépassera-t-il la barre des 80 % ?



À surveiller, également, le taux de participation. Dans un précédant billet, j'avais subodoré que Régis Labeaume ne saurait pas résister à la tentation de se servir astucieusement du dossier du nouveau Colisée comme d'un levier pour tenter secouer l'électorat peu enclin à se mobiliser, faute d'enjeux significatif dans cette campagne.



J'étais par contre loin de m'imaginer qu'il le ferait de manière aussi grossière en servant à la population un ultimatum aussi puéril que bidon. Mais comme ce fut le cas chaque fois où il s'est avéré que notre bon maire avait dépassé les bornes, il s'en tire somme toute à bon compte. De manière prévisible, les adversaires du maire ont poussé les hauts cris. Une fois de plus, la majorité silencieuse n'y aura pas vu matière à s'indigner. L'indulgence dont cet homme est entouré demeure pour moi un mystère complet.



Même s'il a par la suite piteusement retraité en affirmant que le déblocage du dossier de la construction d'un amphithéâtre n'était nullement tributaire du taux de participation ou du résultat du scrutin, il demeure que le maire sera parvenu à ses fins. Il se trouvera bien quelques monomaniaques que la perpective de voir compromis l'hypothétique retour à Québec d'une équipe professionnelle de hockey aura convaincu de se bouger le popotin en se rendant voter Labeaume. Et deux fois plutôt qu'une. Pas de doute que le message a porté. Pas évident, cependant, de mesurer l'ampleur du phénomène.



L'affluence plus importante que prévue au très couru vote par anticipation de dimanche dernier donne à penser que les sombres pronostics de départ, prédisant une chute dramatique du taux de participation, pourraient devoir être revus. Forts de l'expérience vécue lors des dernières élections provinciales, on sait cependant qu'il n'existe aucun lien de corrélation nécessaire entre ces deux statistiques. Qu'en sera-t-il, cette fois-ci ? Nous serons définitivement fixés dimanche prochain sur ce qu'il y a lieu d'en conclure.



LES DISTRICTS



Revenons plutôt à la bataille qui se déroule en ce moment dans chacun des district électoraux.



Les observateurs aguerris de la scène locale n'ont eu aucun mal à identifier les districts où sont livrées les plus chaudes luttes. D'instinct, les yeux se sont tourné vers ceux détenus par des conseillers sortants issus des rangs de l'opposition qui jouent leur survie, que ceux-ci soient indépendants ou membres du RMQ.



Les trois districts qui voient des conseillers sortants s'affronter entre eux ((Vieux-Québec-Montcalm, Lac-Saint-Charles-Saint-Émile et Cap-Rouge) suscitent, bien entendu, un intérêt d'une intensité particulière.










Le 1er novembre au soir, l'attention de Régis Labeaume se concentrera sur les résultats dans le district de Vieux-Québec-MontcalmLine-Sylvie Perron, candidate vedette et amie personnelle du maire, tente sa chance. Celle-ci s'est distinguée, au cours de cette campagne, en n'hésitant pas à prendre ses distances par rapport à certaines des positions de son chef. Les liens d'amitié qui l'unissent au maire lui auront sans doute épargné d'être rappelée à l'ordre...À moins, bien sûr,  que cette ostentatoire manifestation d'indépendance d'esprit ne soit en réalité qu'une vulgaire mise en scène pour permettre à la candidate d'émerger. Si jamais madame Perron devait être élue, soyez assurée qu'elle jouera un rôle de tout premier plan au sein de l'administration Labeaume.










Mon attention à moi sera surtout dirigée vers le district de Cap-Rouge où une candidate de calibre, Francine Bouchard (photo du haut), la Présidente de l'arrondissement de Ste-Foy-Sillery, joue le tout pour le tout en tentant de ravir le siège détenu par une transfuge du RMQ, Denise Tremblay-Blanchette (photo du bas), qui porte cette fois-ci les couleurs du maire. Après avoir vu l'investiture du RMQ dans le district du Plateau lui filer entre les doigts au profit de son collègue Gérard Landry, celle-ci a songé un temps lui disputer le district sous la bannière indépendante. Les pressions de certaines personnalités carougeoises bien en vues, qui se sont mobilisées derrière elle, (dont l'ex-maire Normand Châtigny, en brouille avec Labeaume pour des raisons assez obscures) et le spectre d'une candidature de Marc Boucher dans le district du plateau qu'elle lorgnait l'auront finalement convaincue de se raviser et de livrer bataille sur un terrain qui ne lui est cependant pas naturel. Avec quelques entrées dans les cercles de Cap-Rouge,  Francine Bouchard compte beaucoup sur un certain désenchantement à l'endroit de la conseillère actuelle, jugée trop effacée. Mais le nombre de candidats en lice dans ce district pourrait lui être fatal et permettre à madame Tremblay-Blanchette, qui jouit de l'appui du maire, de se faufiler.








Que dire de l'empoignade qui oppose l'indépendant Jacques Teasdale (photo de gauche) à Steeve Verret (photo de droite), le transfuge du RMQ rallié au clan Labeaume, dans le district Lac-Saint-Charles-Saint-Émile ? Au-delà des candidats eux-mêmes, ce sont deux coeurs villagois qui s'affrontent dans un combat très dur où tous les coups semblent permis. Teasdale, très identifié au Lac Saint-Charles, peut-être trop,  parviendra-t-il à percer dans Saint-Émile ? Rien n'est moins certain. N'eut-été de l'avantage déterminant que lui confère le patronage du maire, j'aurais été enclin à ne pas donner cher de la peau de Verret, dont le passage à la présidence de l'arrondissement de la Haute-Saint-Charles ne marquera pas les annales, peu s'en faut. Celui-ci a aussi perdu tout un pan de son ancien district dans l'aventure du redécoupage, un bassin potentiel de plus ou moins 1000 électeurs chez qui il est allé chercher sa courte majorité en 2005. Politicien habile mais controversé, l'ex-journaliste Teasdale est à l'opposé non seulement un travailleur de terrain acharné ; il sait aussi défrayer les manchettes et  faire parler de lui, même si ce n'est pas toujours pour les bonnes raisons.  On a ici droit à un face-à-face excitant dont l'issue demeure incertaine. Avantage Verret.



BEAUPORT À SURVEILLER 



En ce qui me concerne, la véritable surprise de la soirée des élections pourrait bien provenir de l'arrondissement de Beauport, le seul endroit en ville où des candidats sortants de l'Équipe-Labeaume pourraient avoir du fil à retordre, à l'exception notable du district de Loretteville, localisé dans l'arrondissement de la Haute Saint-Charles.









À ce dernier endroit, le conseiller Raymond Dion (photo de gauche), membre du comité exécutif, fait face à son vieux rival, Robert Martel (photo de droite), qu'il a coiffé au fil d'arrivée à l'élection de 2005. Un recomptage judiciaire avait d'ailleurs été nécessaire pour départager le gagnant. Malheureusement pour Martel, la présence de trois autres candidats, parmi lesquels Michel Champoux, président du Conseil de quartier et lorettain assez bien implanté dans son milieu, pourrait compromettre irrémédiablement ses chances de prendre une douce revanche en entraînant un fractionnement du vote dont profitera Dion. Bien sûr, un miracle n'est pas exclu. N'y comptez pas trop.










À Beauport, tout le monde s'attend à une lutte épique dans le district de Chute-Montmorency où Labeaume a voulu dépêcher l'un de ses gros canons pour tenter de déloger Carole Bégin-Giroux, la très populaire conseillère sortante qui n'entend pas céder un seul pouce de terrain. La candidate recrutée par Équipe-Labeaume est Julie Lemieux, ancienne éditorialiste du quotidien Le Soleil, très sympathique, comme on le sait, au maire sortant. Deux femmes, deux styles. Le contraste ne pouvait être plus saisissant. Carole Bégin-Giroux est une joueuse qui évolue sur une glace essentiellement locale et qui a du mal à réfléchir hors l'orbite de son district. Elle s'est fait remarquer en devenant la passionaria de l'aréna Gilles-Tremblay que l'administration Labeaume a manifesté l'intention, pendant un temps, de démolir. Opiniâtre, elle est parvenue à faire renverser la vapeur coup de mobilisations citoyennes,  pétitions et manifestations.  À l'inverse, madame Lemieux n'a pas caché son dédain pour ce qu'elle a qualifié de "politique de proximité", au moment d'annoncer sa candidature. Dans une ville, "il n'y a pas juste des égouts et des trottoirs", a-t-elle fait valoir, à juste titre. C'est sans doute ce pourquoi elle a affirmé vouloir s'attaquer en priorité au redéveloppement du secteur D'Estimauville, localisé à plusieurs kilomètres de son propre district. Elle aura sans doute découvert, en effectuant son porte-à-porte, que les préoccupations des citoyens sont bien souvent tournées vers ces petites choses qui semblent si peu l'intéresser. Pour se lancer tête baissée dans cette aventure, madame Lemieux devait décidemment bien s'ennuyer à son journal.









Dans le district de Robert-Giffard, l'entrée en scène de l'indépendant Michel Bédard (photo de gauche) a fortement indisposé le conseiller sortant Marc Simoneau (photo de droite), vénérable caution intellectuelle du régime Labeaumien. Il suffit que jeter un oeil sur les "posts" de son blogue pour s'en convaincre. Bédard jouit d'une enviable notoriété pour avoir couvert pendant de nombreuses années l'actualité beauportoise pour le compte d'hebdomadaires locaux, dont le très lu Beauport-Express. Il s'est promis de faire sa fête à Simoneau. Selon mes informateurs, grands consommateurs d'enveloppes brunes, il se trouve beaucoup d'électeurs qui auraient apprécié voir Simoneau consacrer la même énergie à sa tâche de conseiller qu'à la mise en ondes de ses élucubrations hebdomadaires. Pas fort sur le retour d'appel, le Marc, à ce que l'on me rapporte. Rumeur...rumeur...On verra bien si les électeurs de ce district auront la sagesse de retourner cet imposteur "à ses casserolles".







       

Je passe rapidement sur le district de Sainte-Thérèse-de-Lisieux, présentement aux mains de la conseillère sortante Marie-France Trudel qui avait causé une certaine surprise, en 2005, en ramenant ce district dans le giron de l'Action Civique de Québec (ACQ) avec une majorité plus que confortable. Cette formation politique, on s'en rappelle, a choisi de fermer ses livres pour se placer au service de Régis Labeaume, qui promeut pourtant des valeurs et des projets relativement éloigné de son crédo traditionnel, à supposer qu'il y en ait jamais eu un au-delà de son hostilité de principe aux fusions. En d'autres circonstances, on aurait pu s'attendre à ce que son seul opposant, l'indépendant Jocelyn Lavoie, président du Regoupement des organismes sportifs et de plein air de Beauport (Rospab) lui mène une chaude lutte. Le charme naturel de madame Trudel, la profondeur de son enracinement local et la caution du maire auront probablement raison de celui-ci. Peine perdue dans son cas. Le tout sous réserve d'une improbable surprise.










Les choses pourraient bien se dérouler autrement dans le district Seigneurial. L'indépendant Fernand Trudel y mène une lutte acharnée contre la conseillère sortante Lisette Lepage, membre du Comité exécutif nommée par madame Boucher, exclue rappelée par Labeaume après un court purgatoire d'un an. Le méthodique travail de terrain pratiqué par cet inlassable vieux routier de la politique municipale pourrait lui permettre, semble-t-il, de récolter de beaux fruits. C'est du moins l'avis du principal intéressé qui se montre lui-même fort optimiste, le mot est faible, sur ses chances de remporter la victoire. Scénario que j'estime plausible, même s'il y a loin de la coupe aux lèvres. Ce serait une grave erreur que de sous-estimer madame Lepage, elle-même un vétéran de la scène municipale.



Le parcours singulier de Fernand Trudel mérite qu'on s'y arrête. Ancien conseiller municipal de la Ville de Beauport, il est l'un des signataires de la déclaration de fondation du RMQ en 2001. Écarté de la liste des candidats à l'élection générale convoquée la même année, il se porte candidat à celle de 2005, à titre d'indépendant. Le siège, remporté par André Letendre (RMQ), lui échappe de peu. Devenu hostile au RMQ, il appuie ouvertement la candidature de Régis Labeaume lors de la première campagne menée par ce dernier en 2007. Il ne tarde pas à déchanter. De mauvaises langues chuchotent qu'il est amèrement déçu de se voir mis de côté lorsqu'il propose ses services à Régis Labeaume pour cette campagne ci.



Son discours actuel ne laisse planer aucun doute sur le fait qu'une fois élu, il mènerait une vigoureuse opposition au maire. Il est l'un de ceux qui ont logé une plainte au DGE, suite à la conférence de presse organisée par le maire pour annoncer ses intentions en rapport avec le nouveau Colisée. Cette agressivité tangible à l'endroit de Régis Labeaume, l'homme qui atteint des sommets de popularité, n'est peut-être pas, à vrai dire, la plus judicieuse des stratégies pour s'attirer les faveurs des électeurs. Mais les gens du district Seigneurial ne seront peut-être pas contre l'idée de s'offrir un représentant qui n'hésitera pas à lever le ton chaque fois qu'il l'estime nécessaire. Allez donc savoir. On le saura bien assez vite.



Bonne fin de campagne à tous et bonne soirée électorale...

mercredi 28 octobre 2009

Montréal la corrompue, Québec la pure






Rien ne va plus à Montréal. La métropole semble en proie à un lent processus de déliquescence morale et politique. Là-bas, en effet, les choses vont de mal en pis et tournent peu à peu au cauchemar pour le très neurasthénique et flaccide maire Gérald "je-ne-savais-rien-de-tout-ça" Tremblay qui, au mépris de toute décence, ne se tient pourtant en rien responsable des déboires qui affectent sa ville. Il est fascinant de constater à quel point rien ne semble ébranler l'imperturbable maire. En observant Tremblay clamer son innocence à tous vents et se débattre comme un pauvre diable dans l'eau bénite, je comprends mieux le concept de résilience mis au point par le psychiatre Boris Cyrulnik. Je me pose tout de même la question qui suit : Et si le maire d'une ville n'est pas imputable pour ce qui ne tourne pas rond , qui le sera ?



Depuis peu, cependant, Gérald Tremblay doit se sentir bien moins seul dans le rôle du filou ou du crétin de service (C'est selon...Tout dépend de ce que vous inspire le personnage). Car c'est maintenant l'ensemble de la classe politique de la métropole qui se voit éclaboussée par l'étonnante confession publique de Benoît Labonté, ex-maire de l'arrondissement de Ville-Marie, ex-chef de l'opposition et ex-plein d'autres choses, avec des états de services qu'il serait ici trop long de rappeler.










Résumons donc. Ancien collaborateur de Gérald Tremblay qu'il a trahi sans trop d'états d'âme, Benoît Labonté a furtivement caressé le rêve de devenir Calife à la place du Calife avant de passer le témoin à l'ex-ministre péquiste Louise Harel. Discrédité par des sources restées anonymes qui l'ont accusé d'avoir touché de l'argent douteux de certaines des entreprises qui font la pluie et le beau temps sur l'ile de Montréal, celui-ci se retrouve désormais éjecté du jeu politique pour avoir trop voulu en suivre les règles. Refusant le rôle de bouc émissaire et de victime expiatoire, c'est ainsi, du reste, qu'il se plait à présenter la chose.




Aux dires de Labonté, un personnage rongé par l'ambition et somme toute assez peu recommandable, les pores de la vie politique montréalaise exhalent littéralement la corruption.



 Les règles qui encadrent le financement des partis politiques sont régulièrement bafouées, a-t-il confirmé, et les entreprises désireuses de décrocher de la ville de juteux contrats ont recours aux prête-noms ou aux dons anonymes pour contourner l'interdiction qui leur est faite de contribuer directement au financement des campagnes électorales locales. La pratique des ristournes politiques sur les contrats ou les subventions octroyées par la ville y serait érigée en système, un système qu'il a qualifié de "mafieux". En outre, ils seraient plus nombreux qu'on ne le croit, politiciens comme fonctionnaires, à bénéficier des largesses de ceux qui s'adonnent au trafic d'influence. Beaucoup d'allégations pour un seul et même homme, même s'il n'y a rien de bien neuf dans ce genre de propos qui, au mieux, apportent une confirmation à ce que l'on savait déjà, à savoir que la loi est un véritable gruyère .



L'onde de choc générée par cette sortie a largement dépassé les frontières de Montréal. C'est le Québec tout entier qui a accusé le coup. Le gouvernement du Québec, lui, a fait mine d'être surpris et, à défaut de décréter la tenue d'une enquête publique, a plutôt décidé de mettre sur pied une escouade policière spécialisée avec le mandat de faire la chasse aux entrepreneurs véreux.



Montréal aurait pourtant bien besoin d'un nouveau Pacifique "Pax" Plante pour dissiper "l'odeur de purin" en provenance de l'hotel de Ville. Montréal et bien d'autres villes, en fait. Pour l'instant, du moins, mieux vaut oublier ça. Les libéraux au pouvoir ne sont pas bêtes au point de se précipiter dans ce panneau béant sans au moins faire le minimum pour tenter de l'éviter. 



Après les révélations sur la douteuse gestion de la SHDM, une société para-municipale échappant à tout contrôle de la part des élus,  celles entourant la saga des compteurs d'eau, sans oublier  le scandale provoqué par les tribulations nautiques de Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville, pointé du doigt pour ses accointances avec un entrepreneur au patronyme trop italien pour ne pas éveiller de soupçons, on croyait bien avoir atteint le fond du baril. C'était sous-estimer la formidable capacité des édiles montréalais à nous ébahir par le récit de leurs truculantes aventures. Le plus surprenant dans tout ça, c'est que Gérald Tremblay parvienne encore à se maintenir la tête hors de l'eau.




                                                                  ***




PENDANT CE TEMPS, À QUÉBEC...









Pendant ce temps, à Québec, on suit cette histoire fertile en rebondissements comme s'il s'agissait d'une télé-série diffusée aux heures de grande écoute, avec un mélange d'amusement, de consternation et de...détachement.



Il n'est certes pas charitable de se réjouir du malheur d'autrui. En notre for intérieur, toutefois, on ricane secrètement. C'est comme si c'était plus fort que nous. Québec est et restera comme ça, toujours prête à se taper sur les cuisses chaque fois que Montréal trébuche. On ne parvient qu'au prix d'énormes difficultés à réprimer un sourire devant les turpitudes de la grande rivale montréalaise. Fort heureusement, notre sens inné des convenances nous y aide. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pourtant pas de quoi se bidonner.



Pour Régis Labeaume, c'est une véritable aubaine. Pourquoi croyez-vous que Régis Labeaume affectionne tant son "ami" Gérald à qui il ne manque jamais de prodiguer conseils et encouragements ? Celui-ci pouvait difficilement espérer mieux, comme faire valoir, que cet être falot et incapable à la tête de la première ville du Québec. Les montréalais bavent d'ailleurs à l'idée de voir un Régis Labeaume débarquer chez eux. Ce n'est pas pour rien si les médias de là-bas l'ont sacré "politicien de l'heure".




 Alors que Gérald n'en finit plus de pédaler dans la semoule et de plaider les circonstances atténuantes, Régis, lui, cogne à la porte des gouvernements, continue de brasser des affaires et se frotte les mains. Et pendant que Montréal panse ses plaies, Québec marque le pas et dame le pion à sa grande soeur.  C'est ainsi que l'on perçoit les choses à ce bout ci de l'autoroute Jean-Lesage.




L'autre raison de notre relative insensibilité à ce qui se passe du côté de Montréal, c'est que l'on s'estime peu concernés par ces rocambolesques histoires de magouilles qui mettent en scène des acteurs de premier plan de la scène municipale acoquinés à de riches et influents entrepreneurs. Peu concernés, voire même un peu à l'abri de tout ça. Après tout, la mafia, c'est d'abord et avant tout à Montréal qu'elle sévit, n'est-ce pas ? Il y a à Québec, et possiblement ailleurs dans la province, cette idée que l'on est en présence d'un phénomène essentiellement montréalais qui a peu à voir avec notre réalité.



Ce que l'on a un peu tendance à oublier, c'est que la loi est la même pour tous. Elle n'existe aucune raison de croire qu'elle soit plus étanche à Québec ou en province qu'à Montréal et sa couronne.




                                                                   ***



Histoire de dissiper tout doute dans l'esprit des citoyens de la Capitale, Régis Labeaume a juré, la main sur le coeur, qu'à Québec, on "lavait plus blanc que blanc" et qu'ici, les risques de collusion étaient réduits au strict minimum. "(...) des histoires d'administrateurs et de hauts fonctionnaires impliqués dans des magouilles, ça n'existe pas", s'est-il empressé de déclarer à l'animateur Bruno Savard, de Canal Vox, à l'occasion d'une entrevue diffusée le 23 octobre dernier. S'il le dit....



Celui qui parle, soit dit en passant, c'est l'homme qui a unilatéralement confié à la SNCF le soin de réaliser une étude pour confirmer la viabilité économique  d'un TGV dans le corridor Québec-Windsor, qui a, sans résolution du Comité exécutif de la Ville ou du conseil Municipal, octroyé à BPR un contrat pour chiffrer les coûts d'un nouveau Colisée et qui s'apprête à conclure en catimini une entente de gré à gré avec NovaBus, en court-circuitant le Conseil d'administration du RTC, pour que Québec serve de banc d'essai à deux nouveaux prototypes d'autobus écologiques. Jusqu'ici, personne n'a sourcillé... Rien pour se rassurer...



Je m'égare. Revenons à nos moutons.



On aurait bien aimé que la maire élabore davantage sur les raisons qui lui permettent d'être si affirmatif quand il avance que Québec est épargée par la gangrène qui ronge Montréal.  Qu'est-ce qui l'incite à se montrer si confiant ?



Le maire sortant a avoué être habité d'une "hantise totale" à l'idée que sa ville devienne victime de la collusion ou des manoeuvres dolosives des fournisseurs et autres demandeurs d'ouvrage qui frappent régulièrement à sa porte. Pour tout dire, il eut été judicieux qu'il nous fasse partager la stratégie mise en oeuvre pour contenir ce risque, toujours présent, ou pour juguler les tentatives de s'enrichir indûment aux dépens des contribuables.



Car l'histoire récente démontre que la Ville de Québec n'est pas immunisée contre ce fléau, quoiqu'en pense notre très consensuel maire que je soupçonne, incidemment, d'avoir voulu se montrer plus jovialiste et rassurant que nécessaire. Contexte électoral oblige....



Il suffit de se remémorer l'épisode du "cartel de la neige" ou celui du "cartel du béton" pour s'en convaincre. Et que je sache, la Cosa Nostra n'avait rien à voir dans ça. Les truands pris la main dans le sac étaient tous de bons petits entrepreneurs bien de chez-nous, avec des noms dont l'épellation ne causait aucun problème.




Bon an, mal an, la Ville de Québec débourse des centaines de millions de dollars pour l'obtention de biens et services de diverses natures. Depuis la constitution de la ville nouvelle, nombreux ont été les élus à se soucier d'équité et de transparence dans l'attribution de ces contrats. Mais à Québec, le processus d'octroi des contrats demeure assez opaque et complexe. Les outils mis à la disposition des élus pour veiller au respect des règles applicables demeurent somme toute peu nombreux et franchement déficients. S'il existe des garde-fous, on s'est bien gardé de nous en faire part.




Les élus du Conseil municipal, lorsqu'invités à adjuger un contrat à la suite d'un appel d'offre, disposent de fort peu d'informations et celles-ci s'avèrent généralement insuffisantes pour porter un jugement éclairé sur la démarche qu'on leur demande d'avaliser. À titre d'illustration, le devis n'est jamais joint aux sommaires décisionnels, lesquels, au surplus, ne sont guère étoffés.




                                                               ***

 


Il arrive parfois qu'un contrat soit adjugé, non pas au plus bas soumissionnaire, mais à celui qui a obtenu le plus haut pointage en application d'une grille de pondération prenant en compte différents critères préalablement identifiés, il est vrai, par le Conseil municipal. En vertu de ce système, il est tout à fait envisageable et conforme à la loi qu'un contrat soit accordé à un fournisseur de biens ou de services autre que le plus bas soumissionnaire conforme, donc à un prix plus élevé.



Dans certaines circonstances, la loi permet, en effet, aux villes de s'assurer à l'avance du niveau de qualité des services offerts par les différents fournisseurs susceptibles de se qualifier pour un contrat. Quelles circonstances ? En général, on y a recours lorsque que l'on attend du fournisseur qu'il détienne une expertise pointue dans un domaine d'activité donné. À ce chapitre, cependant, la législation accorde aux municipalités une large marge d'appréciation...



Un exemple ? Il y a quelques semaines à peine, l'administration Labeaume a soumis au Conseil municipal, pour adoption, une proposition de grille de pondération en vue d'un appel d'offre pour le choix d'une ...agence de voyages. Le dossier a été retiré devant les réticences des membres du Conseil municipal qui n'ont retenu aucunes des justifications invoquées pour s'écarter de la règle générale voulant que soit retenu le plus bas soumissionnaire conforme.


 
Lorsque cette solution est retenue, les élus ne se voient alors communiquer que le pointage final attribué à chacun des soumissionnaires. L'identité des personnes ayant participé à l'évaluation des soumissionnaires n'est jamais divulguée et il n'est pas possible de contrevérifier le travail d'analyse accompli par ceux-ci. Comment, dans de telles conditions, s'assurer que le tout s'est déroulé selon les règles de l'art ? En réalité, il n'existe aucun moyen...On nous demande de faire acte de foi.



                                                                ***








Nouveau cas de figure. Reculons quelques années en arrière. Pas si loin que ça. Un incident est venu rappeler à quel point aucune municipalité n'est exempte d'éventuels dérapages.




La Ville de Québec se proposait de distribuer à grande échelle de nouveaux bacs de recyclage d'une capacité de 160 l. Il fallait bien sûr trouver un fournisseur. Un devis a conséquemment été confectionné. Jusque là, rien de bien troublant.



Après que l'appel d'offre eut été lancé, deux fournisseurs potentiels se sont manifesté auprès de différents intervenants pour dénoncer l'une des exigences de ce devis. Celle-ci avait trait à la couleur du bac. La ville demandait qu'il soit bleu, cela s'entend. Mais d'un bleu si particulier qu'un seul fournisseur était en mesure d'y répondre. Tiens donc !



Pourquoi cette teinte de bleu et aucune autre ? La question se posait. Question qui a été transmise illico à la haute direction de la Ville, laquelle n'a jamais été en mesure de fournir une explication plausible pour justifier cette demande. Tant et si bien que dans le but d'éviter une controverse ou une contestation éventuelle, elle a dû reculer et modifier le devis.



En bout de piste, le contrat a tout de même été adjugé au fournisseur que cette clause du devis semblait avantager.  Question de respect du délai de livraison, voyez-vous.  Il s'agissait d'une commande importante impliquant la production de dizaines de milliers de bacs. Apparemment, le fournisseur qui a décroché le contrat disposait déjà d'un inventaire suffisant de bacs répondant en tous points aux exigences de la Ville de Québec, prêts à être livrés sur demande...



L'honneur de la Ville fut sauf..


                                                                 ***



Dernier cas de figure. Beaucoup plus récent, celui-là. Peu avant le déclenchement des élections, l'administration Labeaume a requis de trois conseils d'arrondissement (La Cité, Limoilou, Les Rivières) qu'ils procèdent à l'adjudication de divers contrats d'une durée de cinq ans, totalisant près de 40 M $ et ayant tous le même objet : confier au secteur privé la collecte et le transport des ordures ménagères là où cette tâche est présentement asssumée en régie, par les cols bleus de la Ville. Le maire avait déjà confié son intention d'aller de l'avant avec la privatisation de ce secteur d'activité. L'affaire a été menée en douce, sans tambours, ni trompettes.



Malaise chez les élus concernés par cette décision. Ces derniers regimbent.  On n'a pas pris la peine de leur faire la démonstration des avantages  associés à un changement dont les implications sont loin d'être négligeables. En outre, le Conseil municipal n'en a jamais été saisi et n'a pas donné son aval.




Devant ces protestations, l'administration s'agite, se ravise et convoque en catastrophe un comité plénier dans le dessein de rallier les élus récalcitrants. L'information est livrée au compte-goutte, avec réticence, sous le fallacieux prétexte que les syndicats s'apprêtent à contester l'orientation de la Ville et qu'il faut à tout prix éviter le coulage d'information sensible. Les fonctionnaires commis d'office plaident en marchant sur des oeufs que l'affaire est risquée, mais tout de même avantageuse pour la Ville. Cependant, on refuse net de nous communiquer l'ensemble des documents et rapports d'étude sur lesquels l'administration appuie sa démonstration. La confiance des élus est mise à rude épreuve.




Autre source d'inconfort. En dépit des précautions prises par la Ville qui a fait le choix délibéré de fractionner les contrats, un seul et même soumissionnaire remporte la mise sur l'ensemble des lots.




Que fait alors l'administration pour calmer les inquiétudes légitimes des élus ? Rien, absolument rien. Malgré l'urgence, elle renonce à convaincre ceux-ci du bien-fondé de l'opération.



Le dossier est mis sur la glace, dans l'attente des élus qui entreront en fonction après le 1er novembre prochain. En faisant le pari que ces derniers se montreront plus compréhensifs. Ce qui ne devrait pas être trop difficile si, comme prévu, Régis Labeaume remporte une majorité de sièges. Le dossier devrait leur être soumis le 16 novembre prochain.


                                                            ***



Le maire sortant nous assure que la Capitale est "Spic'n span" sur le plan de la gestion des contrats municipaux.


Question : Cela vous rassure-t-il ?

mardi 27 octobre 2009

Leçon de vie



Benoit Corbeil. Ce nom vous dit quelquechose, peut-être ? Le scandale des commandites...Ça va ? Vous y êtes ?

Cet ex-directeur général de l'aile québécoise du parti libéral du Canada a acquis une notoriété dont il se serait sans doute bien passé en témoignant devant la commission Gomery en 2005.


En juin dernier, Corbeil a reconnu sa culpabilité à deux chefs d'inculpation de fraude et de trafic d'influence. C'est grâce à l'enquête Carnegie, menée par la Gendarmerie Royale du Canada dans le sillage du scandale des commandites, si des accusations criminelles ont pu finalement être portées contre celui-ci.


Les représentations sur sentence, entreprises il y a quelques jours, ont donné lieu à un sacré coup de théâtre. C'est ainsi qu'on en a appris davantage sur la façon dont les policiers s'y sont pris pour épingler Corbeil et obtenir qu'il soit traduit en justice.


Il semble bien qu' Alain Renaud ait joué un rôle central dans le succès de cette opération policière en acceptant d'agir d'abord comme indicateur, puis comme agent civil, sous le nom de code C4590. Autrefois démarcheur auprès de la tristement célèbre firme Groupaction et collaborateur de Jean Brault, Renaud fut lui aussi l'un des témoins clé de la commission d'enquête Gomery. À l'époque où il a été amené à livrer son témoignage devant la commission, il avait déjà été recruté, semble-t-il, par la GRC. Le corps policier lui aurait alors confié le soin de soutirer les aveux de Benoit Corbeil. Ce sont les enregistrements des conversations échangées entre les deux hommes qui ont rendu possible le dépôt d'accusation contre Corbeil et la condamnation de ce dernier.






Renaud aurait été rétribué d'une somme rondelette pour sa participation active à l'enquête et on lui aurait également offert une certaine forme d'immunité le mettant à l'abri des poursuites judiciaires. Revers de la médaille, l'homme doit maintenant bénéficier de la protection de la GRC qui assure toujours sa sécurité.


Cette histoire de délation, en apparence ordinaire, a ceci de particulier que Corbeil et Renaud étaient jadis unis par une relation d'amitié particulièrement intense qui les a volontiers amené à se décrire mutuellement comme des frères.


Nul ne sait trop ce qui a pu inciter Renaud à tourner le dos à Corbeil et à abuser de sa confiance au point de vouloir le compromettre ainsi. Vengeance ? Dépit ? Vénalité ? Remord ? Toutes ces réponses ?


Troublante question, s'il en est...


De là à conclure que les truands, fussent-ils cravatés, sont décidemment dépourvus de toute éthique et de tout sens moral, il n'y a qu'un pas que vous serez nombreux à vouloir franchir.






Pour ma part, je n'irai pas jusque là. Je me bornerai à constater, comme le fit le consul Cicéron, bien avant moi : "On voit qu'un ami est sûr quand notre situation ne l'est pas".

                                                                           ***

mercredi 21 octobre 2009

Ceci est une oeuvre de pure fiction

Ce que vous vous apprêtez à lire constitue un exercice de pure fiction. Rien à voir avec la réalité, donc. Puisque je vous le dis !!!!!! Votre humble serviteur s'est dit qu'un changement de registre ne pouvait pas faire de mal. Fervent admirateur et émule transi des Michel Tremblay et Robert Lepage de ce monde, il s'est mis en tête de tâter de la dramaturgie. Comme ça, tout en assumant pleinement le navrant dilettantisme de cette tentative. Comme c'est jour de première, j'ai le tract. Mais trève de bavardage. Voici le synopsis.

Premier acte. La scène se passe dans l'Hotel de Ville d'une petite municipalité nord-américaine, petite, certes, mais vibrante et débordante d'ambition. Le dialogue met en scène un maire en campagne électorale et un gestionnaire de haut niveau qui agissent pour le plus grand bénéfice de la petite ville en question...Petite, peut-être, mais dynamique et promise à un avenir rayonnant. Bon, d'accord ! On va dire qu'elle n'est pas si petite que ça, si ça peut vous faire plaisir. Mieux encore, qu'elle assez grande pour que ses habitants bavent à l'idée d'attirer une équipe de hockey de niveau professionnel (j'imagine le sourire de satisfaction qui irradie votre visage). J'allais oublier la traditionnelle mise en garde : toute ressemblance avec une ou des personnes connues, ou présumées telles, serait purement fortuite et le fruit d'un indiscutable hasard. D'autre part, l'emploi de toponymes à consonnance familière procède d'un simple souci d'éviter au lecteur le profond malaise d'un dépaysement peu propice à la bonne compréhension de l'intrigue.

Trois coups retentissent. Les acteurs s'avancent.





FONFON :  M'sieur le maire, vous avez deux minutes ?


LE MAIRE : J'espère que c'est pas trop long ton affaire, j'ai un point de presse dans une demie-heure....


FONFON : Non, non...C'est à propos du Centre Mgr Marcoux...


LE MAIRE : C'est quoi le problème ?


FONFON : Rien de trop grave, rassurez-vous. J'ai pris connaissance des manchettes concernant votre dernier engagement électoral à ce sujet...


LE MAIRE :  Ouin, pis ?


FONFON : Ben, si j'ai bien compris, vous voulez le déménager à D'Estimauville, ajouter une piscine, pis une bibliothèque, et puis construire des logements sur le site actuel. J'ai peut-être juste mal saisi, là...


LE MAIRE : Ouais, pis ? As-tu de quoi à redire contre ça ?


FONFON :  Ben sûr que non, vous savez ben. C'est vous le maire. Non, non, inquiétez-vous pas. Par contre, je me suis dis que ce serait peut-être pertinent de vous informer d'une couple de détails, rien de trop important, là...Après, vous en ferez bien ce que vous voudrez...


LE MAIRE : Toé, pis tes osties de détails. Tu me fais penser à la gang de tapons de l'opposition...Coudon, toé, penses-tu que c'est en s'enfargeant dans les fleurs du tapis qu'on va pouvoir bâtir une Ville moderne, buzzée, pis performante, pis qu'on va pouvoir aller chercher les Jeux Olympiques ? Vous me faites chier tout autant que vous êtes... Haaaaaa....J'ai assez hâte de voir ma gang débarquer au Conseil. M'as-tu l'avoir assez, la grosse paix...Je vas pouvoir travailler tranquille sans avoir à me justifier tout le temps...


FONFON : Non, non, c'est pas ça. En tout respect, je me permets quand même de vous rappeler que la dernière fois qu'un de vos projets a tourné au vinaigre, ça a passé sur notre dos à nous autre, la fonction publique...J'aime mieux pas prendre de chance, cette fois-là...


LE MAIRE : (il s'agite) Aille, aille, aille...Regarde ben là...Vous me ferez pas brailler au prix que je vous paye...Pis à part ça, comptez-vous chanceux d'avoir eu votre 2 % d'augmentation cette année. Vous pouvez dire merci à Richard. Si ça avait été de moé, vous auriez pu vous la mettre où je pense votre augmentation, maudite gang de f........Shit... Tu vois ce que ça fait quand tu m'énerves ? À cause de toé, j'ai failli retomber dans mes vieux travers...J'ai promis à François Bourque de me surveiller davantage pis j'entends ben rester zen...ç'tu clair ? Bon, ça va faire ! Crache-lé ce que t'as à dire pis scrame...


FONFON : Il y a une de vos candidates qui a dit aux journalistes que le Centre Mgr Marcoux était propriété de la ville, qu'il n'y avait donc aucun problème à le relocaliser. En réalité, le centre, yé pas à nous autres, pis si on veut faire du logement là, va falloir l'acheter. Je sais pas si vous le savez, mais au dernier rôle d'évaluation,  la valeur du centre est portée à 1 474 400,00 $, en incluant le terrain. On a pas ça dans notre budget, monsieur le Maire...


LE MAIRE : Allo ? Y as-tu quelqu'un au bout du fil ? Pourquoi tu penses que je t'ai demandé de faire des coupures dans les arrondissements si c'est pas pour financer ce genre de petits imprévus ?


FONFON : C'est pas tout. Si on veut faire du logement sur ce terrain là, va falloir détruire le centre...


LE MAIRE : On passe le bull, pis on en parle pu, c't'affaire...


FONFON : Ben, il y a du monde dans le coin qui sont pas trop chauds à l'idée parce qu'ils l'aiment là où il est, le centre...On va peut-être les avoir sur le dos...


LE MAIRE : (censuré)


FONFON : Je me suis ben dis que vous alliez dire ça. Mais, y autre chose...L'enveloppe du bâtiment est contaminée à l'amiante.


LE MAIRE : On s'en sacre tu ? On le mets par terre, pis y en a pu de problème d'amiante. Pouf ! Partie l'amiante...


FONFON : Heu...Il va falloir prendre des mesures spéciales pour protéger les travailleurs et les citoyens des alentours contre la propagation des particules d'amiante. D'après notre Service de la gestion des immeubles, la facture va s'élever à... 1 million $. Ça commence à shifter...


LE MAIRE : ouais....Mais là, tu parles à un gars qui gère un milliard. Me prends-tu pour un deux de pique ? Tu penses quand même pas que je vais faire des cauchemars pour des grenailles...


FONFON : Il y a aussi l'histoire de la nouvelle bibliothèque qu'on veut construire dans D'Estimauville à côté du nouveau centre. Qu'est-ce qu'on fait de l'ancienne succursale qu'il y a sur le Chemin de la Canardière ?  Es-tu ben grosse la bibliothèque que vous avez en tête ? Parce si c'est le cas, on pourrait faire des économies en en fermant d'autres dans les environs...


LE MAIRE : Sais-tu, on est peut-être mieux de pas trop parler de ça pour tu suite. Mais, on prendra pas de chances. Trouve moi donc une couple de cent mille pour couvrir les frais de bulldozer, des fois que...Tu me suis ?


FONFON : Au fait, combien on doit mettre de côté pour défrayer le coût du nouveau centre, en comptant la bibliothèque et la piscine ?


LE MAIRE : Je sais pas trop encore. Mets-en plus que moins. On est social-démocrate ou on l'est (éclat de rire) ! Pis, si ça force trop, j'vas lâcher un coup de fil à Sam pis  à Josée. Y sont bin blood avec moé de ce temps là.


FONFON : Je voulais également vous parler de la piscine...Vous vous rappelez, on a fait effectuer une étude pour évaluer nos besoins en matière d'équipements aquatiques. Me semble que ça disait qu'il ne manquait pas de piscine dans ce secteur là ?


LE MAIRE : Écoutes. C'est ben le fun, tout ce que tu me racontes. Mais là, j'ai une grosse annonce à faire, pis il faut que j'y ailles si je veux pas rater l'heure de tombée du téléjournal. C'est pas parce que j'ai pas d'adversaires à la mairie que je dois me relâcher, han ? Pour le reste, j'imagine qu'y aura pas personne qui va mourir si on se reparle de tout ça après les élections.  Ça marche ? Byyyyeeeee


FONFON : (soupir)

RIDEAU

Excusez la !

lundi 19 octobre 2009

L'insoutenable légèreté des mass-médias




Le Centre d'études sur les médias de l'Université Laval vient tout juste de rendre publiques les conclusions d'une analyse  de la couverture de la campagne électorale municipale de 2007, à Québec, par les radios dites d'opinion ("Radio parlée, élections et démocratie"). Les auteurs de cette étude, qui porte sur les trois dernières semaines de la campagne, soit du 10 novembre au 2 décembre 2007, avancent  que le traitement inéquitable infligé à la candidate Ann Bourget pourrait avoir pesé lourd dans les résultats de cette élection remportée par Régis Labeaume.



Dans un premier temps, ils ont observé que la candidate du RMQ avait occupé près de la moitié du temps total d'antenne consacré à la campagne par chacune des stations radiophoniques visées par l'étude. En revanche, celle que les sondages donnaient largement en avance sept jours à peine avant le jour du scrutin aurait fait parler d'elle "de façon négative" les trois quarts du temps sur les ondes de CHOI FM  et celles du FM93, cette dernière station étant devenue, depuis, l'organe radiophonique quasi-officiel du maire.



Dire les choses ainsi, c'est faire emploi d'euphémisme. Ceux qui ont encore en mémoire la teneur des émissions  diffusées  sur les ondes des stations radiophoniques en cause, à cette époque, jugeraient sans doute plus à  propos de parler d'authentiques séances de "bashing". Les entrevues auxquelles a participé la porte-étendard du Renouveau municipal se signalaient notamment par le recours à un ton beaucoup plus hostile et agressif.



Par contraste, les échanges avec le candidat Labeaume, plus amicaux et sereins, étaient davantage empreints de complaisance, les auteurs de l'étude ayant relevé ce qu'ils n'hésitent pas à qualifier de "complicité quasiment gênante" entre les animateurs et ce dernier.




Les signataires de cette étude voient dans ce genre de comportement un accroc évident aux consignes du CRTC et de l'Association canadienne des radiodiffuseurs sur l'attitude qu'il convient d'observer à l'égard des candidats impliqués dans une campagne électorale. La belle affaire ! On peut légitimement se demander si quelqu'un dans cette industrie se soucie encore des règles prescrites par le CRTC, dont les ordonnances sont régulièrement bafouées sans que cela ne semble porter à conséquences. Quant aux balises mises de l'avant par l'Association canadienne des radiodiffuseurs, existe-t-il seulement quelqu'un pour s'y référer, mis à part, peut-être, quelques professeurs d'Université pétris de pieux sentiments, qui n'ont pas encore compris que le monde radiophonique n'en a strictement rien à foutre.



Plus fondamentalement, les chercheurs disent redouter l'impact que cette tangeante prise par les radios dites d'opinion dans la couverture des élections risque d'entraîner sur la bonne santé de notre système démocratique. "Il y a un grave problème de démocratie à Québec", s'est inquiété l'un d'eux.



 La question se pose, en effet. Depuis fort longtemps, à vrai dire. Il y aurait sans doute là matière à réflexion pour le Directeur général des Élections du Québec si cette institution sans consistance n'était à ce point engluée dans l'intendance des processus électoraux. Entre la confection de deux pubs vouées à relancer l'intérêt déficient de la population pour des élections qui ne parviennent plus à mobiliser, le DGE aurait tout avantage à scruter les failles qui minent la crédibilité de la Loi électorale en laissant se perpétuer certains abus.



Il aurait été intéressant que l'analyse des chercheurs s'étende aux deux années qui ont précédé cette élection, peut-être même au-delà. Cela nous aurait peut-être permis de découvrir que la couverture de l'élection à la mairie de 2007 a constitué le point d'orgue d'une campagne de dénigrement systématique du Renouveau municipal de Québec orchestrée bien avant cette date. L'acharnement et l'appel au lynchage public aura finalement fait son oeuvre. Et on se surprendra de la faiblesse de l'opposition à Québec...Signe des temps, la médisance fait maintenant place à un autre phénomène guère plus recommandable, l'idolatrie et le culte de la personnalité.

   

À l'évidence, il ne faut pas trop compter sur les dirigeants des deux radios pointées du doigt pour faire acte de contrition.



Le propriétaire de CHOI (station dont le permis a été retiré par le CRTC, mais qui diffuse toujours en vertu d'un principe qui m'échappe), Patrice Demers, a réagi aux résultats de cette étude par ce qui peut être interprété comme l'équivalant d'un léger haussement d'épaules.  Avouant, avec une candeur et une franchise qui lui font tout de même honneur, que le traitement dans les médias n'est "jamais équitable", il s'est retranché derrière le mandat de ses animateurs pour justifier la situation. On demande à ces derniers d'exprimer d'abord et avant "leur" point de vue, sans avoir à s'encombrer de détails insignifiants comme la préservation d'un minimum d équilibre entre ceux des différents candidats à une élection.



Reconnaissons que cette position a l'avantage d'être limpide. Elle tranche certainement avec la déclaration veule et hypocrite du directeur de la programmation du FM 93, Michel Lorrain, qui a reconnu du bout des lèvres la nécessité de mener une réflexion sur les pratiques de sa station, tout en imputant aux soi-disant lacunes dans le stratégie de campagne d'Ann Bourget la responsabilité ultime de ce dérapage. De quelles lacunes s'agit-il en l'occurence ? J'aimerais bien le savoir...



Bien entendu, nul ne conteste aux animateurs radiophoniques le droit d'avoir leurs propres opinions, au même titre que n'importe lequel citoyen. Là ne se situe pas pas l'enjeu dans toute cette discussion.



Il demeure que ceux-ci ne se retrouvent pas exactement dans la même position qu'un citoyen ordinaire. Ils ont un micro sous le nez. On leur a consenti la possibilité de transmettre leurs vues sur les ondes et ainsi, de les faire partager à des millers de personnes. Cela leur confère un pouvoir et un prestige immenses, inégalables, dont il est difficile de nier ou de négliger la portée, à moins de faire preuve d'inconscience ou pire, d'aveuglement volontaire.



Je ne suis nullement partisan de la censure. Et je ne suis pas particulièrement entiché de remèdes draconiens ou de solutions qui consistent à imposer un carcan trop contraignant aux médias. La protection et la promotion de la liberté d'opinion constituent certes des valeurs fondamentales qui s'inscrivent au coeur des sociétés démocratiques avancées et qui comptent parmi les avantages qu'il nous faut chérir. Mais la liberté d'opinion doit aussi savoir reconnaître ses propres limites et prendre conscience des excès auxquels elle peut donner lieu. L'expérience démontre qu'il arrive trop souvent à la propagande et à la manipulation des masses de fleurir sur le terreau fertile de la liberté d'opinion.



Comme citoyen, je me sens donc légitimé d'attendre un minimum de décence et de probité intellectuelle de la part de ceux qui ont pour mission de m'informer et de me divertir. Cette exigence devrait constituer le prix normal à payer en contrepartie du privilège de diffuser ce que l'on veut, sur les sujets que l'on veut. Il me semble qu'il n'y a rien d'abusif à exiger des bénéficiaires de ce privilège, car c'en est un, de faire preuve d'un peu plus de retenue et de sens des responsabilités. D'autant plus que les ondes, aux dernières nouvelles, relevaient toujours du domaine public.



La philosophe Hannah Arendt (1906-1975), qui a connu en son temps les affres du national-socialisme, avait ses propres vues sur la question. Celle-ci a déjà soutenu que "La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat". La rigueur des faits, voilà un ingrédient qui, malheureusement,  n'est pas toujours au rendez-vous dans la recette concoctée par les radios dites d'opinion.



Pour ma part, je ne peux m'empêcher de penser que la farce a assez duré.

jeudi 15 octobre 2009

Remue-ménage autour des bibliothèques de quartier : Qui dit vrai ?




Il faut avoir la couenne dure et le dos large pour être fonctionnaire à la Ville de Québec.

Hier, le journaliste Carl Langelier (TVA), qui a mis la main sur la toute dernière version du Plan directeur des bibliothèques 2008-2018, révélait l'intention de l'administration Labeaume de procéder à la fermeture définitive ou au regroupement de nombreuses succursales du réseau.

Les arrondissements visés par cette vaste  opération sont ceux de Beauport (Chemin Royal) , Charlesbourg (Bon-Pasteur, Du Jardin), Les Rivières (St-André) et Limoilou (St-Charles, de la Canardière). D'autres succursales feraient l'objet d'une relocalisation (Tournesol, Lebourgneuf), d'après ce document, dans lequel il est également proposé d'agrandir le vaisseau amiral du réseau, Gabrielle-Roy, et la bibliothèque Étienne-Parent (Beauport). En ce qui concerne le déménagement de la bibliothèque Monique-Corriveau (Ste-Foy-Sillery-Cap-Rouge) dans l'enceinte de l'église St-Denis, la décision était déjà connue, le Conseil municipal ayant donné son aval plus tôt cette année.

Une fois de plus, l'administration Labeaume, prise la main dans le sac, pointe du doigt les responsables du Service de la Culture, à qui il est fait reproche d'avoir soumis un ensemble de recommandations en rupture avec les orientations du comité exécutif de la Ville en la matière. C'est du moins ce qu'a soutenu la conseillère Denise Trudel, responsable en titre du dossier au sein du Comité exécutif et candidate de l'Équipe-Labeaume dans le district de St-Rodrigue. De son côté, le maire a nié en bloc avoir jamais entretenu quelques vélléités de procéder à des fermetures de bibliothèques.

Si l'on en croit le Maire et la responsable du dossier, ce plan de réorganisation du réseau ne serait donc qu'une lubie issue de l'esprit déconnecté d'un professionnel du Service de la Culture. Et pourtant...

Le Plan directeur des bibliothèques n'en est pas à sa  première réécriture. Promis maintes fois depuis 2005, date à laquelle il devait initialement faire l'objet d'un dépôt au Conseil municipal, la production en a été réclamée à de multiples reprises, par de nombreux élus. En vain. La dernière fois où la question a été soulevée, il y a à peine quelques mois, la dernière mouture du plan semblait pourtant à point et prêt à être soumise à un examen par le Conseil municipal. C'était sans compter le Comité exécutif du maire Labeaume, que cette pénultième version ne semblait pas satisfaire et qui, pour ce motif, l'a retourné sur la planche à dessein des fonctionnaires.

Il m'a personnellement été donné de découvrir ce qui clochait avec ce projet de plan, du point de vue de l'administration Labeaume. À l'époque, l'opposition officielle que je dirigeais réclamait à cor et à cris que le Conseil municipal soit, sans plus de délais, saisi de la proposition de Plan directeur des bibliothèques. Nous estimions, en effet, que l'attente avait suffisemment duré. De fait, nous étions régulièrement invités à nous prononcer sur l'à-propos d'investissements importants destinés aux différentes infrastructures du réseau. Étant tenus dans l'ignorance des vues de la Ville concernant son développement futur, il nous apparaissait qu'on nous demandait trop souventde décider à l'aveuglette.

Le chat est sorti du sac quand j'ai successivement été approché par les conseillers Richard Côté et François Picard, tous deux vice-présidents du Comité exécutif. Leur intention : sonder le terrain et observer ma réaction face à l'éventualité du regroupement de deux succursales du réseau dans Limoilou, celle de St-Charles et celle de La Canardière...Il ne faut pas penser que ce genre d'échanges entre les membres de l'administration et les représentants de l'opposition était monnaie courante au cours de cette partie du mandat. Mais à l'approche des élections, on aura jugé préférable d'évaluer préalablement le risque associé à une divulgation des intentions véritables de la Ville. L'opposition entendait-elle s'emparer de l'affaire pour se faire du capital politique ? Il fallait en avoir  le coeur net.

Ce que l'on me proposait, c'était de réunir celles-ci au sein d'un bâtiment de type multifonctionnel à être construit à l'angle du boulevard des Capucins et du Chemin de la Canardière.

Pour me convaincre d'adhérer à cette vision, on m'a fait part des nouvelles tendances observées dans les grandes villes du monde. On a soutenu devant moi que la mode des bibliothèques de quartier était chose révolue et que les villes à la page privilégiaient dorénavant la concentration des services de bibliothèques au sein de bâtiments de taille plus appréciable, localisés de manière plus stratégique. Le virage envisagé comportait aussi son lot d'avantages sur le plan des coûts d'exploitation du réseau, m'a-t-on assuré.

Le conseiller Richard Côté m'a semblé particulièrement entiché par cette nouvelle façon d'appréhender le  futur de nos bibliothèques et c'est celui qui m'en a parlé avec le plus d'enthousiasme. Le maire partageait, semble-t-il, cet enthousiasme. J'ai écouté avec intérêt. Plus tard, le conseiller François Picard est revenu à la charge pour tenter d'organiser une rencontre plus formelle. Comme je n'ai pas voulu me prêter à ce genre de tractation de coulisses sur un enjeu de ce genre, l'affaire n'a connu aucune suite.


Ce matin, j'ai été véritablement soulagé d'apprendre que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve et que jamais, au grand jamais, l'administration Labeaume n'avait-elle, à quelque moment, envisagé de procéder à la fermeture de bibliothèques de quartier.

Que les fonctionnaires du Service de la Culture se le tiennent pour dit...