mardi 27 octobre 2009

Leçon de vie



Benoit Corbeil. Ce nom vous dit quelquechose, peut-être ? Le scandale des commandites...Ça va ? Vous y êtes ?

Cet ex-directeur général de l'aile québécoise du parti libéral du Canada a acquis une notoriété dont il se serait sans doute bien passé en témoignant devant la commission Gomery en 2005.


En juin dernier, Corbeil a reconnu sa culpabilité à deux chefs d'inculpation de fraude et de trafic d'influence. C'est grâce à l'enquête Carnegie, menée par la Gendarmerie Royale du Canada dans le sillage du scandale des commandites, si des accusations criminelles ont pu finalement être portées contre celui-ci.


Les représentations sur sentence, entreprises il y a quelques jours, ont donné lieu à un sacré coup de théâtre. C'est ainsi qu'on en a appris davantage sur la façon dont les policiers s'y sont pris pour épingler Corbeil et obtenir qu'il soit traduit en justice.


Il semble bien qu' Alain Renaud ait joué un rôle central dans le succès de cette opération policière en acceptant d'agir d'abord comme indicateur, puis comme agent civil, sous le nom de code C4590. Autrefois démarcheur auprès de la tristement célèbre firme Groupaction et collaborateur de Jean Brault, Renaud fut lui aussi l'un des témoins clé de la commission d'enquête Gomery. À l'époque où il a été amené à livrer son témoignage devant la commission, il avait déjà été recruté, semble-t-il, par la GRC. Le corps policier lui aurait alors confié le soin de soutirer les aveux de Benoit Corbeil. Ce sont les enregistrements des conversations échangées entre les deux hommes qui ont rendu possible le dépôt d'accusation contre Corbeil et la condamnation de ce dernier.






Renaud aurait été rétribué d'une somme rondelette pour sa participation active à l'enquête et on lui aurait également offert une certaine forme d'immunité le mettant à l'abri des poursuites judiciaires. Revers de la médaille, l'homme doit maintenant bénéficier de la protection de la GRC qui assure toujours sa sécurité.


Cette histoire de délation, en apparence ordinaire, a ceci de particulier que Corbeil et Renaud étaient jadis unis par une relation d'amitié particulièrement intense qui les a volontiers amené à se décrire mutuellement comme des frères.


Nul ne sait trop ce qui a pu inciter Renaud à tourner le dos à Corbeil et à abuser de sa confiance au point de vouloir le compromettre ainsi. Vengeance ? Dépit ? Vénalité ? Remord ? Toutes ces réponses ?


Troublante question, s'il en est...


De là à conclure que les truands, fussent-ils cravatés, sont décidemment dépourvus de toute éthique et de tout sens moral, il n'y a qu'un pas que vous serez nombreux à vouloir franchir.






Pour ma part, je n'irai pas jusque là. Je me bornerai à constater, comme le fit le consul Cicéron, bien avant moi : "On voit qu'un ami est sûr quand notre situation ne l'est pas".

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