mercredi 21 octobre 2009

Ceci est une oeuvre de pure fiction

Ce que vous vous apprêtez à lire constitue un exercice de pure fiction. Rien à voir avec la réalité, donc. Puisque je vous le dis !!!!!! Votre humble serviteur s'est dit qu'un changement de registre ne pouvait pas faire de mal. Fervent admirateur et émule transi des Michel Tremblay et Robert Lepage de ce monde, il s'est mis en tête de tâter de la dramaturgie. Comme ça, tout en assumant pleinement le navrant dilettantisme de cette tentative. Comme c'est jour de première, j'ai le tract. Mais trève de bavardage. Voici le synopsis.

Premier acte. La scène se passe dans l'Hotel de Ville d'une petite municipalité nord-américaine, petite, certes, mais vibrante et débordante d'ambition. Le dialogue met en scène un maire en campagne électorale et un gestionnaire de haut niveau qui agissent pour le plus grand bénéfice de la petite ville en question...Petite, peut-être, mais dynamique et promise à un avenir rayonnant. Bon, d'accord ! On va dire qu'elle n'est pas si petite que ça, si ça peut vous faire plaisir. Mieux encore, qu'elle assez grande pour que ses habitants bavent à l'idée d'attirer une équipe de hockey de niveau professionnel (j'imagine le sourire de satisfaction qui irradie votre visage). J'allais oublier la traditionnelle mise en garde : toute ressemblance avec une ou des personnes connues, ou présumées telles, serait purement fortuite et le fruit d'un indiscutable hasard. D'autre part, l'emploi de toponymes à consonnance familière procède d'un simple souci d'éviter au lecteur le profond malaise d'un dépaysement peu propice à la bonne compréhension de l'intrigue.

Trois coups retentissent. Les acteurs s'avancent.





FONFON :  M'sieur le maire, vous avez deux minutes ?


LE MAIRE : J'espère que c'est pas trop long ton affaire, j'ai un point de presse dans une demie-heure....


FONFON : Non, non...C'est à propos du Centre Mgr Marcoux...


LE MAIRE : C'est quoi le problème ?


FONFON : Rien de trop grave, rassurez-vous. J'ai pris connaissance des manchettes concernant votre dernier engagement électoral à ce sujet...


LE MAIRE :  Ouin, pis ?


FONFON : Ben, si j'ai bien compris, vous voulez le déménager à D'Estimauville, ajouter une piscine, pis une bibliothèque, et puis construire des logements sur le site actuel. J'ai peut-être juste mal saisi, là...


LE MAIRE : Ouais, pis ? As-tu de quoi à redire contre ça ?


FONFON :  Ben sûr que non, vous savez ben. C'est vous le maire. Non, non, inquiétez-vous pas. Par contre, je me suis dis que ce serait peut-être pertinent de vous informer d'une couple de détails, rien de trop important, là...Après, vous en ferez bien ce que vous voudrez...


LE MAIRE : Toé, pis tes osties de détails. Tu me fais penser à la gang de tapons de l'opposition...Coudon, toé, penses-tu que c'est en s'enfargeant dans les fleurs du tapis qu'on va pouvoir bâtir une Ville moderne, buzzée, pis performante, pis qu'on va pouvoir aller chercher les Jeux Olympiques ? Vous me faites chier tout autant que vous êtes... Haaaaaa....J'ai assez hâte de voir ma gang débarquer au Conseil. M'as-tu l'avoir assez, la grosse paix...Je vas pouvoir travailler tranquille sans avoir à me justifier tout le temps...


FONFON : Non, non, c'est pas ça. En tout respect, je me permets quand même de vous rappeler que la dernière fois qu'un de vos projets a tourné au vinaigre, ça a passé sur notre dos à nous autre, la fonction publique...J'aime mieux pas prendre de chance, cette fois-là...


LE MAIRE : (il s'agite) Aille, aille, aille...Regarde ben là...Vous me ferez pas brailler au prix que je vous paye...Pis à part ça, comptez-vous chanceux d'avoir eu votre 2 % d'augmentation cette année. Vous pouvez dire merci à Richard. Si ça avait été de moé, vous auriez pu vous la mettre où je pense votre augmentation, maudite gang de f........Shit... Tu vois ce que ça fait quand tu m'énerves ? À cause de toé, j'ai failli retomber dans mes vieux travers...J'ai promis à François Bourque de me surveiller davantage pis j'entends ben rester zen...ç'tu clair ? Bon, ça va faire ! Crache-lé ce que t'as à dire pis scrame...


FONFON : Il y a une de vos candidates qui a dit aux journalistes que le Centre Mgr Marcoux était propriété de la ville, qu'il n'y avait donc aucun problème à le relocaliser. En réalité, le centre, yé pas à nous autres, pis si on veut faire du logement là, va falloir l'acheter. Je sais pas si vous le savez, mais au dernier rôle d'évaluation,  la valeur du centre est portée à 1 474 400,00 $, en incluant le terrain. On a pas ça dans notre budget, monsieur le Maire...


LE MAIRE : Allo ? Y as-tu quelqu'un au bout du fil ? Pourquoi tu penses que je t'ai demandé de faire des coupures dans les arrondissements si c'est pas pour financer ce genre de petits imprévus ?


FONFON : C'est pas tout. Si on veut faire du logement sur ce terrain là, va falloir détruire le centre...


LE MAIRE : On passe le bull, pis on en parle pu, c't'affaire...


FONFON : Ben, il y a du monde dans le coin qui sont pas trop chauds à l'idée parce qu'ils l'aiment là où il est, le centre...On va peut-être les avoir sur le dos...


LE MAIRE : (censuré)


FONFON : Je me suis ben dis que vous alliez dire ça. Mais, y autre chose...L'enveloppe du bâtiment est contaminée à l'amiante.


LE MAIRE : On s'en sacre tu ? On le mets par terre, pis y en a pu de problème d'amiante. Pouf ! Partie l'amiante...


FONFON : Heu...Il va falloir prendre des mesures spéciales pour protéger les travailleurs et les citoyens des alentours contre la propagation des particules d'amiante. D'après notre Service de la gestion des immeubles, la facture va s'élever à... 1 million $. Ça commence à shifter...


LE MAIRE : ouais....Mais là, tu parles à un gars qui gère un milliard. Me prends-tu pour un deux de pique ? Tu penses quand même pas que je vais faire des cauchemars pour des grenailles...


FONFON : Il y a aussi l'histoire de la nouvelle bibliothèque qu'on veut construire dans D'Estimauville à côté du nouveau centre. Qu'est-ce qu'on fait de l'ancienne succursale qu'il y a sur le Chemin de la Canardière ?  Es-tu ben grosse la bibliothèque que vous avez en tête ? Parce si c'est le cas, on pourrait faire des économies en en fermant d'autres dans les environs...


LE MAIRE : Sais-tu, on est peut-être mieux de pas trop parler de ça pour tu suite. Mais, on prendra pas de chances. Trouve moi donc une couple de cent mille pour couvrir les frais de bulldozer, des fois que...Tu me suis ?


FONFON : Au fait, combien on doit mettre de côté pour défrayer le coût du nouveau centre, en comptant la bibliothèque et la piscine ?


LE MAIRE : Je sais pas trop encore. Mets-en plus que moins. On est social-démocrate ou on l'est (éclat de rire) ! Pis, si ça force trop, j'vas lâcher un coup de fil à Sam pis  à Josée. Y sont bin blood avec moé de ce temps là.


FONFON : Je voulais également vous parler de la piscine...Vous vous rappelez, on a fait effectuer une étude pour évaluer nos besoins en matière d'équipements aquatiques. Me semble que ça disait qu'il ne manquait pas de piscine dans ce secteur là ?


LE MAIRE : Écoutes. C'est ben le fun, tout ce que tu me racontes. Mais là, j'ai une grosse annonce à faire, pis il faut que j'y ailles si je veux pas rater l'heure de tombée du téléjournal. C'est pas parce que j'ai pas d'adversaires à la mairie que je dois me relâcher, han ? Pour le reste, j'imagine qu'y aura pas personne qui va mourir si on se reparle de tout ça après les élections.  Ça marche ? Byyyyeeeee


FONFON : (soupir)

RIDEAU

Excusez la !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

La réalité dépasse surement la fiction!!!

Fernand se déchaine a dit…

ëtes pous bien sûr que ce n'est pas une histoire hypothétique ? Me semble qu'il y a du vrai là dedans...

Anonyme a dit…

Je viens de découvrir votre blogue. Je recherche une information: i y a combien de transfuges du RMQ dans l'équipe Labeaume et qui sont-ils?

Alain Loubier a dit…

Cher anarchopragmatisme,

Je vous réfère au texte intitulé "Radioscopie de L'Équipe-Labeaume". Vous devriez y trouver quelques éléments de réponse à vos interrogations. J'y dresse une liste des candidats "admis" dans le cercle du maire. D'autres s'y sont essayé, sans succès (Louise Lapointe, Gilles Marcotte)
. Certains candidats qui se présentent sous la bannière du RMQ dans la présente élection ont aussi décliné l'invitation à joindre la formidable équipe du maire.

Eric Alvarez a dit…

Ce texte est une bonne base pour une pièce de théâtre d'été! : ))

Anonyme a dit…

Merci!